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Le rachat d’une grande partie de la 21st Century Fox par Disney a été annoncé jeudi 15 décembre pour 66 milliards de dollars, avec une question qui demeure : que va devenir l’empire Murdoch ?
S’il est une chose que l’on ne peut pas reprocher à Rupert Murdoch, c’est d’oublier de se projeter dans l’avenir. A 86 ans, le magnat australo-américain, qui a fondé son empire dans les années 1950 à partir d’un quotidien d’Adélaïde, hérité de son père, a choisi de se concentrer sur ses activités de télévision aux Etats-Unis et sur ses quotidiens. Ne reste plus dans son escarcelle que la grande chaîne Fox, Fox News et Fox Sports ainsi que les quotidiens The Wall Street Journal, The New York Post ou, à Londres, The Sun et The Times.
Exit donc une grande partie de l’empire Murdoch, notamment le studio de cinéma et de séries, le groupe audiovisuel indien Star, la chaîne National Geographic et le bouquet Sky, présent à la fois au Royaume-Uni, en Italie ou en Allemagne. Rupert Murdoch n’avait d’ailleurs que 39% de ce bouquet qui édite la chaîne d’info Sky News, et il avait la plus grande peine à mettre la main sur les 61% restants, car les autorités britanniques se méfiaient de son patron James Murdoch, le fils du patriarche, qui a été impliqué dans le scandale des écoutes téléphoniques de News of the World en 2011. Disney n’aura pas les mêmes problèmes et pourra racheter à sa guise la totalité de Sky.
Mais alors pourquoi Rupert Murdoch renonce-t-il à la plus grosse et la plus internationale partie de son empire ? Bien sûr, il y a le goût immodéré du magnat pour l’information et la politique. La chaîne Fox News, première chaîne d’info aux Etats-Unis, qui lui rapporte 1,5 milliard de dollars, soutient ouvertement Donald Trump, et cela marche d’autant mieux qu’elle est un peu la seule dans ce cas. « Je suis un homme de news » a coutume de dire Rupert Murdoch. C’est pour l’avoir compris que le fils ainé Lachlan, à la tête de News Corp, se retrouve aujourd’hui comme le véritable héritier alors que le cadet James, patron de Sky, est aujourd’hui contraint de se trouver une place chez Disney. On le voit, la scission qui s’est transformée en cession est aussi une façon de régler la guerre de succession entre les deux frères.
Et puis, il y a sans doute une raison encore plus intime : en réalisant cette opération à 66 milliards de dollars en actions, Murdoch permet à la Fox de prendre le quart de Disney et à sa famille d’en être le deuxième actionnaire avec 4,4% du capital. Son retour au news est aussi une manière de laisser une page blanche à son héritier en lui offrant la possibilité de grignoter le capital de Disney ou de recréer un groupe plus en phase avec le XXIe siècle. Disney, de son côté, ne cache pas sa volonté de créer une plateforme concurrente de Netflix ou d’Amazon. |