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Description:
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Deux mois après le cessez-le-feu fragile instauré dans la bande de Gaza, et après plus de deux ans de bombardements incessants menés par Israël dans la bande de Gaza, la population gazaouie manque de tout. L'entrée d'aide humanitaire est toujours limitée, tout comme les évacuations médicales. C'est pour faire sortir sa famille de cet enfer que le jeune Yaser Al Rayyes trouve la force de se lever chaque matin. Au terme d'un parcours d'exil d'une année, ce Gazaoui de 26 ans a trouvé refuge en juin dernier à Concarneau en Bretagne, accueilli par Jérôme et Emna Tinard, sa famille adoptive, rencontrée pendant ses études. Sa priorité depuis : évacuer ses parents et ses trois frères et sœurs de Gaza, avec l'aide de sa deuxième famille. Un reportage de Sarah Krakovitch. Il s'appelle Yasser, comme Yasser Arafat, figure de la lutte palestinienne. Dans la maison colorée de la famille Tinard, un drapeau palestinien sur le buffet, et des photos de Yaser avec sa deuxième famille. Après avoir aidé Yaser à venir jusqu'en France, Jérôme et Emna Tinard ont constitué un épais dossier pour faire évacuer sa famille, et en priorité Arafat, son père, blessé par un bombardement le 13 septembre à Gaza. À ce jour, ils n'ont reçu aucune réponse. « Honnêtement, à chaque fois que j'envoie un e-mail et que j'entreprends des démarches, ça me donne de l'espoir. Mais face à l'absence de réponse des autorités françaises, et j'ai même essayé d'interpeler le président Macron, je n'ai pas eu de retour, et j'en suis malade », regrette Yaser. À lire aussiGaza: la France va accueillir des Gazaouis bénéficiaires de bourses d'études S'ils font tout pour faire venir ses parents, Jérôme et Emna ont aussi décidé d'adopter Yaser. Pour qu'il puisse rester en France. Pour Emna, mère d'une petite fille de cinq ans, Yaser est tout autant son fils. « Lui fait partie de notre famille. Sa famille fait partie de notre famille maintenant. Et on ne peut pas se résigner à se dire : "On a essayé, puis tant pis, ils font leur vie, la nôtre ça va, on s'en fout". C'est juste pas possible. Nous on voit le papa tous les jours, on voit qu'il est malheureusement en train de perdre la vue et la mobilité de sa main. Des fois on l'appelle et on voit qu'il est en train de pleurer, qu'il a super mal à la mâchoire parce qu'elle est fracturée et que ça lui fait super mal. Malheureusement, la France bloque, mais on est obligé de garder espoir et de se dire : "Peut-être qu'un jour ils vont enfin se décider à sortir le papa pour ses soins" », raconte Emna. L'attente est longue pour Yaser. Il n'a pas encore de titre de séjour pour étudier ou pour travailler en France. Alors il partage ses journées entre l'apprentissage du français, et les appels avec sa famille. Depuis Gaza, Sanaa, la mère de Yaser, raconte chaque jour à son fils et à la famille Tinard le difficile quotidien dans l'enclave. Elle se réjouit de savoir son fils en sécurité. « Je suis tellement, tellement, tellement heureuse pour lui. Que mon fils soit dans un pays sûr, un pays où les droits de l'homme sont respectés. Qu'il ait été accueilli par cette famille, c'est une bénédiction », déclare-t-elle. À chaque appel, la famille de Yaser pose la même question : quand vont-ils les sortir de Gaza ? À lire aussiFrance: plusieurs dirigeants d'université appellent à rétablir l'accueil des étudiants gazaouis |