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Direction Perpignan dans le sud de la France où a lieu jusqu’au 17 septembre la 35e édition du festival de photojournalisme Visa pour l'image. Cette année, pas moins de trois séries de reportages sont consacrées à la condition des femmes dans le monde et notamment en Iran avec une exposition intitulée « Tu ne meurs pas ». Les photos qui la composent sont la plupart du temps anonymes et prises par des amateurs. Elles illustrent les soulèvements qui ont suivi il y a un an la mort de l’étudiante Mahsa Amini, après son arrestation par la police pour « mauvais port du voile ». Lorsque survient la révolte à la mort de Mahsa Amini, la presse internationale dispose de très peu d’images. Le régime iranien a tout verrouillé, aucun visa n’est accordé aux photojournalistes étrangers. Les seules photos que reçoivent les agences de presse sont fabriquées par les autorités de Téhéran, donc peu crédibles. Pourtant, pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, il était possible de suivre jour après jour, heure après heure, le soulèvement. « Certaines de ces photos sont arrivées très très rapidement sur les réseaux sociaux, d'autres non à cause de la coupure d'Internet. » La journaliste Ghazal Golshiri l’une des commissaires de l’exposition : « L'info était la valeur primordiale dans nos choix. Par exemple, le jour de la mort de Mahsa Amini le 16 septembre, une journaliste iranienne qui travaille pour un journal iranien s'est rendu à l'hôpital où Mahsa est morte. Donc, elle a pris la photo où on voit son père et sa grand-mère en train de se prendre dans les bras parce qu'ils viennent d'apprendre la mort de leur fille. » Quelques-unes de ces images que l'on peut découvrir à Perpignan sont devenues iconiques, comme ces foules de femmes qui brandissent leur foulard au-dessus de leur tête ou qui scandent pour la première fois le slogan « femme, vie, liberté ». Il y a aussi des photos de scènes de danse libératrices, des vidéos également. La grande majorité de ces images n’a donc pas été capturée par des professionnels. Sur le papier, c’est un peu contraire à la philosophie de ce festival du photojournalisme. Mais tout ce travail a été scrupuleusement authentifié. Marie Sumalla est l’autre commissaire de l’exposition : « C'était la seule solution et donc que faire ? Ne pas raconter, ou raconter avec des images amateurs ? Il s'agissait comme toujours à Perpignan de raconter une réalité et de donner à voir ce qu'on ne peut pas voir ailleurs. Je trouve que le contrat est tout à fait honoré. Nous avons fait appel en fait à deux experts iraniens qui depuis 2019 scrutent les réseaux sociaux et font un travail d'authentification qui nous permettait de publier une image dont on connaît la source, dont on connaît le lieu et dont on connaît la date. » Aujourd’hui, un an après la mort de Mahsa Amini, les manifestations de rue en Iran sont devenues plus rares. Mais la résistance de la population semble intacte. C’est dans la vie quotidienne que se manifeste désormais la résistance avec notamment des femmes qui sortent ds la rue sans foulard malgré les intimidations et les amendes que leur inflige le régime. À lire aussiIran: un oncle de Mahsa Amini arrêté à quelques jours de l'anniversaire de sa mort |