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Description:
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C'est le symbole par excellence de l'exception culturelle française, la rentrée littéraire qui voit chaque année à cette période des centaines de nouveaux romans déferler dans les librairies. Cette année, la rentrée est sobre, 466 nouveaux romans dont 145 étrangers. Sobriété en raison de l'inflation qui touche aussi le livre. Il y a dix ans, les éditeurs français mettaient sur les tables pour la rentrée littéraire entre six et sept cents nouveaux romans. Profusion qui n'est plus de mise aujourd'hui. Entre la désaffection d'une partie du public et le coût du papier, l'heure est à la sobriété. « Cela fait des années que les éditeurs disent “il faudrait en sortir un peu moins, il faudrait mieux les accompagner” », rappelle Jacques Bronstein, le rédacteur en chef de Livre Hebdo, le magazine des professionnels du livre. « Maintenant qu'économiquement, c'est leur intérêt, ce qu'ils veulent faire depuis des années, ils le font de plus en plus. Il y a plutôt une bonne nouvelle, c'est qu'il y avait dans l'édition cette idée qu'il y avait un prix psychologique et qu'au-delà de vingt euros, les livres ne se vendraient plus. Il semblerait qu'avec l'inflation, le public est prêt à les payer un peu plus cher. Par contre, on voit qu'une partie du public du roman se reporte sur le [livre de poche] ce qui prouve que cette augmentation n'est pas indolore. » Renouveler l'intérêt du publicSi le livre de poche, trois fois moins cher qu'un grand format, se porte bien, il ne cannibalise pas pour autant la rentrée littéraire. Les éditeurs sont en effet des maitres dans l'art de renouveler l'intérêt du public. « Ce qui se passe généralement, c'est que vous avez d'un côté Amélie Nothomb qui sort chaque année un roman qui se vend très bien. Et puis, vous avez un deuxième best-seller obligé, j'ai envie de dire, qui “tue un peu le jeu”, c'est souvent, Virginie Despentes, Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder, Christine Angot », souligne Jacques Bronstein. « Après [cette année, NDLR], il n'y a pas d'auteur comme ça dont on est sûr et certain qu'il va être le gros vendeur. C'est une rentrée relativement ouverte, donc je ne peux pas vous dire “voilà, c'est déjà plié, c'est Houellebacq et Nothomb” comme certaines années. » Un marché anglo-saxon qui domine les romans étrangersL'autre atout de la rentrée littéraire française, c'est la place accordée aux romans étrangers. Ils sont 145 à sortir cette année. Une place qui a cependant tendance à se réduire, et un domaine qui s'uniformise, comme l'explique Sean Rose, critique littéraire à Livre Hebdo. « On parle de standardisation ou d'uniformisation, mais c'est quasi idéologique. C'est le marché anglo-saxon qui domine. Même les Africains, ce sont des Africains anglophones, et même quand on a des Asiatiques, ce sont des Asiatiques américains. Donc en fait, c'est souvent une vision esthétique similaire, un peu hollywoodienne pour faire court, et c'est vrai que la curiosité pour des langues comme l'indonésien, le vietnamien et d'autres langues, en fait, on ne les voit pas dans les rayons, et il me semble qu'il y a de moins en moins de curiosité pour ces langues-là. » Reste qu'avec 466 nouveaux romans sur les tables, le public a de quoi se réjouir. Aucun autre pays au monde ne connait un tel phénomène. |