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Description:
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Martin Selmayr est le nouvel homme fort de l'arrière-boutique européenne. Sa nomination au secrétariat général de la commission est vivement contestée, au point de faire l'objet d'un débat en séance plénière.
Martin Selmayr est allemand, il a 47 ans et il file vers le haut comme une comète. Il n’est fonctionnaire européen que depuis 2004, car avant cela il terminait ses études de droit en Allemagne et à Genève avant de travailler chez l’éditeur allemand Bertelsmann et enfin à la Banque centrale européenne. Martin Selmayr était d’ailleurs entré à la Commission chez la Commissaire luxembourgeoise précédente, Viviane Reding. Mais même s’il n’est à la Commission européenne que depuis quatorze ans, il a déjà gravi la totalité des échelons et ne pourra pas aller plus haut puisqu’il est désormais assis sur la marche suprême pour un fonctionnaire, le secrétariat général de la Commission européenne, le poste le plus élevé, celui des directeurs généraux et sa nomination fait grincer des dents.
Une façon de faire qui ne plaît pas
Cela ressemble à de l’intrigue de palais. Martin Selmayr avait déjà le grade de directeur, car il était le chef de cabinet du Président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Ce qui lui est reproché c’est d’avoir postulé au poste de secrétaire général adjoint sans que quiconque ait été au courant que le poste était disponible sauf la propre adjointe de Martin Selmayr, mais elle a retiré sa candidature avant la fin du processus de sélection. Martin Selmayr a été sélectionné pour être le nouveau secrétaire général adjoint, mais le jour de sa nomination, une surprise attendait le collège des commissaires : quelques minutes plus tard, Jean-Claude Juncker a annoncé le départ surprise du secrétaire général précédent. Faisant usage de ses prérogatives de président de la commission il a ensuite immédiatement bombardé Martin Selmayr au poste de secrétaire général.
Un raccourci démocratique qui fait tache
Il y a d’un côté les commissaires européens qui ont été surpris, il y a ensuite les députés européens qui s’en sont émus et les partis de gauche puis du centre ont obtenu que la question soit débattue en session plénière à Strasbourg ce lundi. Et il y a enfin les journalistes spécialisés, correspondants de médias européens à Bruxelles qui ont tenté de savoir comment ce Martin Selmayr, qui est assez peu apprécié, avait pu réussir à se propulser ainsi.
Et il faut dire que les porte-parole de la Commission européenne se sont embrouillés dans leurs réponses, ont pris les questions de haut et ont proféré quelques contre-vérités, ce qui n’a pas aidé à convaincre que tout s’était fait strictement dans les règles. Ainsi, nombreux ici sont ceux qui estiment qu’on a tordu le bras aux règlements, que c’est à nouveau un allemand qui est nommé à un poste clef et que la Commission a agi en catimini. Et quelles que soient les capacités de Martin Selmayr pour remplir son poste, la commission prête aujourd’hui le flanc à tous les eurosceptiques qui estiment opaque son mode de fonctionnement. |