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En Turquie le Parlement a adopté cette semaine une loi très controversée qui modifie certaines règles électorales alors que des scrutins législatif et présidentiel sont prévus pour 2019. Et que, selon la rumeur, ces élections pourraient être avancées.
de notre correspondant à Istanbul,
La loi prévoit des changements importants qui concernent à la fois les partis et l'organisation des scrutins.
Concernant les partis politiques, ceux-ci vont pouvoir désormais former des coalitions avant les scrutins, ce qui semble être un cadeau du pouvoir turc à l’extrême-droite qui soutient Recep Tayyip Erdogan, mais dont le parti est en perte de vitesse. Avec ce changement de la loi, le MHP pourrait donc obtenir des députés sans avoir à obtenir 10 % des voix en formant une coalition avec le parti du président Erdogan, ce qui a déjà été annoncé.
Les changements concernant l'organisation des élections, le jour du scrutin, sont encore plus importants. Avec ces modifications électorales à venir, les bulletins de vote qui ne sont pas estampillés par la Commission électorale pourront néanmoins être validés ; des bureaux de vote pourront être fusionnés le jour du scrutin ; des urnes pourraient être déplacées pour être dépouillées dans un autre bureau de vote...
Autant de mesures que le parti au pouvoir, l’AKP, présente comme des dispositions pour assurer la « sécurité » et le bon déroulement des prochaines élections.
L’opposition dénonce ces changements
On parle même d’une loi « qui valide les fraudes électorales », c’est l’expression du principal parti d’opposition, le CHP, qui a voté contre ces réformes tout comme le parti de la gauche pro-kurde le HDP.
Les parlementaires ont débattu durant une vingtaine d’heures sur ce projet de loi. On a même vu des députés se battre dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Pour l’opposition en fait, cette réforme rappelle les conditions du référendum constitutionnel tenu en avril 2017… Un référendum que le pouvoir avait remporté de justesse, et l’opposition avait alos dénoncé des fraudes en évoquant des bulletins de vote sans tampons officiels qui avaient quand même été comptabilisés à la toute fin du jour de vote.
C’est la raison pour laquelle le CHP notamment parle de loi qui autorise les fraudes. « Le pouvoir n’attend même plus le jour du vote pour tricher » a dit un
député d’opposition. Mais malgré tout cette loi a été largement adoptée puisque le parti de RTE, l’AKP, et son allié d’extrême-droite, sont très largement majoritaire à l’assemblée nationale d’Ankara.
L’adoption de cette nouvelle loi renforce les rumeurs d’élections anticipées
Ces rumeurs d'élections anticipées se multiplient. L’opposition, les partis d’opposition y croient en tout cas et se préparent de plus en plus à un scrutin
anticipé. Recep Tayyip Erdogan pourrait être tenté de devancer ces élections pour
profiter de la vague nationaliste notamment en raison de l’opération militaire à Afrin.
Le pouvoir turc qui voudrait peut-être aussi aller devant les électeurs avant une situation économique qui pourrait se dégrader dans les prochains mois. Mais pour le moment au palais présidentiel à Ankara, on assure que les élections auront lieu en temps et en heure… Mais on l’assure tellement souvent et avec tellement de force que ces déclarations alimentent finalement les rumeurs qui
circulent... |